Mycoplasmose bovine

Responsable de la mycoplasmose bovine, Mycoplasma bovis ( M. bovis ) est une bactérie particulière qui donne du fil à retordre sur le terrain comme au laboratoire. D’une part par les nombreux symptômes qu’elle peut générer chez le bovin infecté, d’autre part car elle exige des besoins spécifiques pour sa culture. Ce n’est pas tout… Dépourvue de paroi cellulaire, elle résiste naturellement à de nombreux antibiotiques qui agissent précisément via la paroi des bactéries. Par ailleurs, sa grande capacité de mutation explique sa résistance croissante aux antibiotiques. Il ne faut dès lors jamais se satisfaire d’un usage systématique d’antibiotiques pour contrôler M. bovis !

Des symptômes multiples … ou absents

La pneumonie est le signe classique, soit aigue ( avec symptômes pouvant être légers ), soit chronique, accompagnée d’amaigrissement et d’abcès pulmonaires.
D’autres nombreuses expressions cliniques peuvent apparaître, selon l’âge de l’animal. Chez le veau ? Pneumonie, otite, arthrite, conjonctivite, méningite, myocardite, abcès,… Chez l’adulte ? Mammite, arthrite, pneumonie, conjonctivite, infection génitale, « clapier », avortement ( ce dernier symptôme n’est toutefois pas encore clairement établi ).
Attention, il peut aussi n’y avoir… aucun symptôme, ce qui « masque » un bovin pourtant contaminateur !

Contamination : d’une ferme ou d’un animal à l’autre

De ferme en ferme, c’est d’abord et surtout via l’introduction ou la réintroduction d’un animal infecté, à la suite d’un achat, d’une foire ou d’un concours.
Le lait et le colostrum de l’élevage voisin étant de potentiel vecteurs, leur utilisation est déconseillée.
La contamination par le sperme est un risque décrit dans la littérature. Mais au labo de l’ARSIA, M. bovis n’y a jamais été identifié. En réalité, la transmission par un taureau est liée à la saillie via les sécrétions du fourreau, plutôt que par insémination artificielle.

Enfin, comme pour nombre de germes, l’hygiène stricte au niveau des supports « inanimés » tels que bottes, bétaillère, seaux, … mérite toute l’attention des intervenants : éleveur, marchand, vétérinaire, visiteur …

D’animal à animal, la transmission la plus franche est par contact direct, de mufle à mufle.
Le lait est hélas un facteur de risque élevé pour les veaux, notamment le lait écarté ; s’il contient des cellules, ce peut précisément être lié à la présence de M. bovis. L’hygiène au moment de la traite est primordiale. Attention toutefois au colostrum : n’en privez pas vos veaux. Dans le cadre d’une étude menée à l’ARSIA, notre laboratoire y a exceptionnellement détecté M. bovis, alors que les échantillons provenaient de fermes infectées. Le risque de transmission est tellement faible que priver un veau du colostrum issu de la ferme, serait dans la plupart des cas autrement plus dommageable pour son immunité.

Vaccination ?

A ce jour, il n’y a pas de vaccin commercialisé en Belgique, au contraire de la France. Mais l’ARSIA produit un autovaccin, à partir de la souche de l’élevage infecté. La souche d’un élevage n’est en effet pas celle de l’élevage voisin, vu la haute possibilité de mutations décrite plus haut. La culture du mycoplasme multipliée sur bouillon est ensuite inactivée puis conditionnée pour être administrée aux bovins.

Nous avons récemment évalué les premiers retours auprès de 50 éleveurs ayant recouru à l’autovaccination M. bovis. La démarche et son efficacité ont été « notées » 8 sur 10 par les participants à notre enquête. L’innocuité de l’autovaccin est entière, si ce ne sont parfois des gonflements au point d’injection, certes peu esthétiques mais sans gravité.

Ce n’est pas toutefois pas LA solution miracle. Il faut réfléchir aussi globalement et avec l’aide de votre vétérinaire au management de l’élevage, à la présence éventuelle d’autres germes qui par effet immunodépressif favorisent la mycoplasmose bovine et enfin aux carences alimentaires défavorables à une bonne immunité.

LUTTER, avec l’aide de l’ARSIA

Sur base volontaire, le plan de lutte est destiné aux exploitations qui souhaitent réduire la circulation de M. bovis et ouvert à toutes mais en priorité à celles dont les bovins présentent des signes cliniques ou éventuellement qui ( auto )vaccinent déjà.
Les conditions d’accès reposent soit sur une analyse PCR soit sur une culture, confirmée positive au cours des trois dernières années.

Étapes

Bilan initial

  • Bilan global : prise de sang de tous les bovins de plus de 6 mois pour une analyse ELISA.
  • Photos M. bovis : sur 9 veaux de moins de 3 mois et 9 veaux entre 3 et 6 mois, via un dosage sanguin des AC et les écouvillons des 2 naseaux.

Quelle stratégie?

Lors d’une visite d’exploitation annuelle, les résultats sont analysés avec le vétérinaire de l’exploitation et l’éleveur. La stratégie de lutte et les mesures de prévention sont ensuite discutées. Selon les résultats, face à une prévalence de plus de 10 %, on s’oriente vers la vaccination générale, face à une prévalence de moins de 10 %, on se dirige soit vers un plan de réforme soit vers un plan de vaccination, selon la décision de l’éleveur.

Vaccination

Tous les bovins doivent être auto-vaccinés pour espérer une diminution de la circulation du germe et de la contamination, selon un schéma vaccinal précis. Ceci fait, un suivi annuel est assuré, lequel consiste à tester tous les bovins ou en partie ( à définir dans le plan de lutte ) en PCR par écouvillons et avec pool des échantillons. Notons bien ici que les échantillons prélevés dans le cadre du «maintien IBR » seront exploités aussi pour le plan de lutte M. bovis, ce qui réduit la charge des prélèvements. 2 bilans consécutifs entièrement négatifs donnent le feu vert pour une vaccination dégressive, en ne vaccinant plus que les bovins déjà vaccinés.

Réforme

1 bilan annuel est effectué pendant 5 ans. Les résultats de 2 bilans annuels consécutifs sont analysés pour décider des bovins à réformer. Si tous les tests ELISA sont négatifs, le troupeau peut obtenir un statut « favorable ».

Un investissement

La mise en place du plan de lutte est vite rentabilisée. Il s’agit d’un investissement pour le contrôle de la maladie afin de mettre en place de bonnes pratiques de biosécurité et de déterminer quand peut être cessée la vaccination. En effet, si la vaccination seule permet déjà d’obtenir de bons résultats, elle a également un coût. Le plan doit donc être considéré comme un investissement gagnant sur le long terme, si le choix de la lutte s’était porté sur la vaccination.

Objectifs du plan de lutte de l’ARSIA

Réduire la circulation de M. bovis dans les troupeaux infectés en :

  • réduisant les contaminations « internes »
  • évitant les contaminations « externes »
  • structurant l’utilisation des outils disponibles : tests ELISA et PCR, autovaccins.

Le risque le plus élevé : les achats

Dans le cadre du plan de lutte, la quarantaine doit être respectée.

  • A la vente : 2 tests ELISA et PCR, via un kit vente ou au moins pour la valence M. bovis, avant l’achat.
  • A l’achat : 2 tests ELISA et PCR. L’animal reçoit sa première dose d’autovaccin, s’il est en plan de vaccination. 2 tests ELISA et PCR, à la seconde prise de sang IBR.

Le plan de lutte contre la mycoplasmose bovine, en bref

  • Réservé aux cotisants arsia+
  • Signature d’un contrat « Plan de lutte M. bovis », téléchargeable sur arsia.be/documents
    • Permet l’accès aux ristournes : 50 % sur les analyses ELISA et les PCR
    • Engagement pour 5 ans
    • Lors d’une réforme, quelle que soit la stratégie, les bovins positifs ELISA ne peuvent pas être vendus pour l’élevage.
  • L’enveloppe arsia+ prévue est limitée. De facto le nombre de troupeaux sera limité aussi et une sélection probable selon le nombre des demandes.
  • Intéressé.e ? Contactez notre équipe vétérinaire
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