La besnoitiose bovine

La besnoitiose bovine inquiète l’ARSIA depuis 2018, en termes de production bovine et de bien-être animal. Les associations de lutte contre les maladies du bétail, ARSIA et DGZ, en association avec les autorités sanitaires, ont réagi rapidement ce qui a permis de juguler l’émergence de la maladie, jusqu’à présent. Néanmoins la rédaction d’un Arrêté ministériel s’imposait, pour prendre des mesures urgentes vis-à-vis de cette maladie, en pleine expansion vers le nord de l’Europe.

La besnoitiose bovine, ou « maladie de la peau de l'éléphant », est liée au parasite Besnoitia besnoiti et transmise principalement par des insectes piqueurs ( taons, mouches, … ) ou par les aiguilles d’injection. Certains animaux infectés ne présentent aucun signe et participent pourtant à la propagation dans les troupeaux indemnes. Lorsqu’un bovin présente des symptômes, la maladie évolue en 3 phases :

Phase 1 : syndrome grippal


Phase 2 : œdèmes dans les zones déclives ( auge, fanon, mamelles ) et/ou au niveau de la tête


Phase 3 : épaississement et plissement de la peau et perte des poils. Amaigrissement, difficulté à se déplacer.

En effet, endémique dans de lointaines contrées du sud, elle est désormais considérée comme une maladie émergente dans certains pays nord-européens.

Une étude, menée et publiée en 2021 par l’ARSIA et l’Université de Liège, rapporte la situation dans le sud de la Belgique, lorsque le parasite responsable de la besnoitiose y avait été introduit, via des importations d'animaux en provenance de la France où la maladie était déjà alors présente dans de nombreux départements, notamment au nord du pays.
Afin de protéger le cheptel belge, l’ARSIA et son homologue flamande la DGZ, avaient dès 2018 lancé une action de vigilance collective, en utilisant la prise de sang « IBR » à l’achat pour tester gratuitement tout bovin importé de pays considérés à risque : France, Espagne, Portugal, Italie et Suisse. En effet, la maladie se transmet entre troupeaux distants via l’achat de bovins infectés asymptomatiques et entre troupeaux proches via le voisinage de prairie. Le dépistage des bovins importés a permis la détection de bovins infectés dans une vingtaine de troupeaux auxquels, dans la foulée, des mesures de contrôle de la maladie ont été proposées. Mais en l'absence d’une réglementation spécifique, ces recommandations n’ont pas toujours été implémentées mettant en péril l’objectif de ces mesures, à savoir éviter la propagation de la maladie au sein des cheptels belges. Face à ce constat et à ce risque grandissant, l’ARSIA, la DGZ et l’ensemble des organisations sectorielles ont alerté les autorités sanitaires et insisté sur la nécessaire mise en place de mesures légales de prévention et de contrôle en vue d’éviter la dispersion de la besnoitiose bovine en Belgique, voire dans d'autres états membres.

Une législation spécifique

Considérant que la besnoitiose bovine est pratiquement impossible à traiter, que l'incidence de cette maladie a augmenté fortement chez les bovins importés de régions où elle est endémique et que notre pays est actuellement épargné, il s’agit d'éviter à tout prix l'introduction et la propagation de cette maladie dans nos troupeaux. Un arrêté ministériel est en cours de publication. Le principe des mesures reposera sur la détection et l’élimination la plus rapide possible des animaux infectés.
Cet arrêté concernera principalement les troupeaux importateurs de bovins à risque ainsi que tout troupeau où sont détenus ou ont été détenus, des bovins infectés ou des bovins « à risque ». Les troupeaux d’engraissement à l’exception des élevages de veaux d’engraissement, sont également concernés.

Quelles mesures ?

Dépistage obligatoire à l’importation des « bovins à risque »

Dès l’entrée en vigueur du nouvel arrêté, sera considéré comme « bovin à risque », tout bovin provenant « de » ou « né dans » un pays à risque, c’est-à-dire un pays où la besnoitiose est endémique.
Lors de l’importation d’un tel bovin, un test ELISA de dépistage de la besnoitiose devra être réalisé en combinaison au dépistage de l’IBR. Au moins jusqu’à obtention d’un résultat négatif, le bovin sera isolé et ne pourra ni être mis en pâture, ni commercialisé, ni participer à un rassemblement.

Dépistage obligatoire des « bovins de contact »

La future législation définit un « bovin de contact » comme un bovin détenu ou ayant été détenu dans un établissement en même temps qu’un bovin infecté par la besnoitiose ou qu’un «bovin à risque» n’ayant jamais été dépisté.

Les « bovins de contact » devront être dépistés dans les 12 mois suivant l’entrée en vigueur de l’arrêté ce qui permettra de réaliser les prises de sang sur ces animaux au même moment que celles du maintien du statut IBR. L’ARSIA, chargée d’établir la liste de ces bovins, en informera directement l’éleveur concerné et le vétérinaire d’exploitation et ajoutera ces bovins à la liste des bovins tirés au sort pour l’IBR.

Gestion des bovins suspects et des bovins infectés

Un bovin présentant un résultat non négatif au test ELISA de dépistage sera qualifié « suspect de besnoitiose ». Dans ce cas, l’échantillon sera automatiquement envoyé par le laboratoire d’analyse vers le laboratoire de référence pour un test de confirmation.

Et ce n’est que si le bovin suspect obtient un résultat positif au test de confirmation qu’il sera considéré comme « infecté par la besnoitiose ».

Au « bovin suspect de besnoitiose » s’appliqueront les mêmes restrictions de mouvement que celles décrites plus haut pour les bovins à risque.

Quant aux bovins « infectés par la besnoitiose », ils devront être envoyés vers un abattoir dans les 30 jours suivant le résultat positif et seront bien entendu soumis, en attendant, aux mêmes mesures de restrictions que les bovins suspects. Une dérogation à l’abattage dans le mois est toutefois prévue pour les vaches infectées et gravides si elles ont dépassé 90 % de la période de gestation. Ces dernières devront être réformées au plus tard 30 jours après le vêlage.

Garder un animal positif : quel risque ?

La maladie se propagera inévitablement aux autres animaux du cheptel ainsi que potentiellement aux troupeaux avoisinants. Si la maladie entraîne globalement peu de mortalités, les pertes économiques sont importantes : stérilité des taureaux, chute de la production laitière, moins-value économique notamment à cause des dégâts sur la peau, coût des traitements ( quand ils valent la peine d’être entrepris... ). Vivre avec la maladie coûte 7 fois plus qu’un assainissement.

Mission de l’ARSIA

Notre département Epidémiologie sera chargé de tenir à jour une liste des élevages dans lesquels un bovin à risque a été introduit après le 1er janvier 2018, sans que les mesures prévues aient été activées. Elle informera le détenteur et son vétérinaire de ces mesures. Les élevages voisins ou ayant un lien épidémiologique seront informés des risques éventuels encourus. Enfin, dans Sanitel seront identifiés les bovins à risque, de contact, suspects ou infectés par la besnoitiose.

Pensez-y !

Il est prévu d’inscrire la besnoitiose comme un vice rédhibitoire dans les échanges entre bovins. Toutefois, cette législation n’est pas encore en vigueur pour les transactions nationales et ne s’appliquera pas dans le cadre des échanges internationaux. En cas de résultat positif à l’introduction, la transaction ne peut être annulée que soit d’un commun accord avec le vendeur, soit sur base d’une convention de vente le prévoyant.

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