Lutter contre la néosporose bovine

Depuis 8 ans, l’ARSIA propose un plan de lutte volontaire contre la néosporose aux élevages infectés, dans la foulée du Protocole avortement qui a révélé cette maladie comme première cause infectieuse d’avortement bovin, en Wallonie.

En effet, près d’un avortement sur dix, à tous les stades de la gestation, incombe au parasite Neospora caninum, chiffre probablement sous-estimé compte tenu du nombre de mortalités embryonnaires et d’avortements non détectés et donc non diagnostiqués.
Sans vaccin ni traitement possibles, l’ARSIA a réagi en proposant un plan de lutte reposant sur 3 axes : détection des animaux infectés « permanents », prévention de la transmission au sein de l’exploitation ( chiens et bovins) et gestion de la reproduction (éteindre les lignées infectées en gardant une bonne rentabilité ).
En pratique, le plan prévoit un dépistage à la naissance via la réalisation d’un test sur les veaux avant la prise de colostrum à l’aide d’un papier buvard fourni par l’ARSIA. Ce procédé permet la détection des infections dites « verticales » c’est-à-dire celles ayant eu lieu avant la naissance, pendant la vie fœtale. Dans ce cas, le veau sera infecté à vie et si c’est une femelle, transmettra le parasite à sa descendance.

Adhésion au plan de lutte

En 2023, 152 troupeaux ont adhéré au plan de lutte, dont 4 sur 5 recourent aux prélèvements par buvard. Au cours des 5 dernière années, parmi les 1 742 troupeaux au sein desquels la présence de neospora caninum a été confirmée dans le cadre du Protocole avortement, 87 soit 5 % participent au plan de lutte. Très stable depuis 2019, un taux d’inscription plus important permettrait toutefois d’améliorer les performances de reproduction des troupeaux exposés à cette maladie.

Amélioration dans les troupeaux participants

La participation au plan de lutte permet d’améliorer significativement la situation sanitaire dans les cheptels inscrits, comme l’illustre le graphique 1 lequel reprend l’évolution du taux d’animaux infectés, selon le nombre d’années de lutte ; il montre que le taux moyen d’animaux infectés passe de 21 % en année 1 à 8 % à partir de la 7ème année.

Le prélèvement par buvard, avantages et inconvénients

L’intérêt du dépistage des veaux avant prise de colostrum sur buvard est multiple :
  • PRÉCIS : détermination directe du type d’infection du veau testé
  • PRÉCOCE : prise de décision de réforme rapide si nécessaire
  • RENTABLE : détermination du statut de la mère mais également de sa lignée.
Cependant, ce prélèvement peut paraître contraignant eu égard à la manipulation supplémentaire du veau à la naissance ( « Il faut y penser » ) et à la nécessité d’être présent avant la prise du colostrum. Ceci amène régulièrement des éleveurs participants à « laisser tomber » cette technique en cours de lutte, comme en attestent nos chiffres annuels. En moyenne, au sein des élevages participants, 65 % des veaux ont été testés en pré-colostral la première année… contre 45 %, la 6ème année.
Afin de contourner ce problème, l’ARSIA a réalisé en 2023 une étude de terrain en vue de vérifier la performance d’un nouveau test insensible aux anticorps d’origine colostrale pouvant donc être utilisé après la prise de colostrum. Notre laboratoire met tout en œuvre pour mettre à disposition des éleveurs et des vétérinaires ce nouveau test, dans le courant de 2024.

Au cours de son développement, le parasite responsable de la maladie, Neospora caninum, touche différentes espèces animales qui lui servent en réalité d’hôtes. Les hôtes finaux sont principalement les chiens, mais également d’autres carnivores tels que le loup, mais non le renard ! Outre les chiens, les bovins et plus rarement d’autres ruminants, les chevaux et d’autres espèces animales peuvent aussi devenir des hôtes intermédiaires. Ce n’est par contre pas le cas de l’homme. On observe donc cliniquement la néosporose surtout chez les jeunes chiens ou les vaches.

Quels symptômes typiques ?

Chez les chiens, paralysie progressive des membres postérieurs, troubles de la coordination, tremblements, fièvre, respiration difficile et diarrhée. Mais chez de nombreux animaux, la maladie reste asymptomatique. Chez les bovins, avortements et mortalités embryonnaires et parfois séquelles nerveuses chez les veaux nouveau-nés ( troubles de la coordination, paralysie ). Chez ces deux hôtes principaux, bovins et chiens, la maladie se transmet le plus souvent de la mère à sa progéniture, pendant la gestation.

Plus rares, les infections entre ces 2 espèces peuvent aussi se produire via l’absorption du parasite, via des aliments contenant des crottes de chien infecté pour les bovins et des arrière-faix issus de bovins infectés ou encore de petits rongeurs pour les chiens.

Prévention ?

  • Ne pas laisser les chiens manger les arrière-faix des vaches
  • Ne pas laisser les chiens accéder aux aliments et à la paille des bovins, tant à la mangeoire qu’au stockage
  • Dépister les femelles infectées verticalement grâce au plan de lutte et les réformer
  • Privilégier la reproduction des femelles négatives via l’utilisation de paillettes de sperme sexé.

Enfin et ce, dans tous les cheptels, contrôler à l’introduction les femelles achetées pour la reproduction, en recourant au Kit achat de l’ARSIA. La néosporose est un vice rédhibitoire.

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