Dermatose nodulaire contagieuse

Biosécurité, plus que jamais

LA MALADIE – Ce qu’il faut retenir

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale émergente en Europe occidentale (Sardaigne, France) mais sévit à l’état endémique depuis plusieurs décennies en Asie et en Afrique. L’intensification des mouvements d’animaux en est certainement la cause et dans une moindre mesure, le bouleversement climatique et l’impact des insectes, vecteurs du virus.

La caractéristique la plus préoccupante du poxvirus responsable est sa grande résistance dans l’environnement, jusqu’à plusieurs semaines dans les croûtes des animaux infectés.

Il se transmet principalement par des taons, des mouches ou des tiques, mais aussi directement par la salive (eau et aliments contaminés) et dans une moindre mesure, les sécrétions nasales, la semence, le placenta, le lait, …  Et indirectement par des mouvements d’animaux infectés ou du matériel contaminé (transports, aiguilles, …).

Seuls les bovins sont sensibles. Chevaux, moutons et chèvres peuvent être infectés mais ne seront pas malades et a priori ne transmettent pas la maladie aux bovins via les insectes. Et il n’est en aucune manière transmissible à l’homme.

Le tableau clinique 

  • Incubation jusqu’à de 4 jours à 5 semaines : les animaux sont porteurs et contagieux… alors qu’ils n’expriment encore aucun signe !
  • Phase précoce de quelques jours à deux semaines : fièvre, écoulements nasaux et oculaires, ganglions très gonflés, abattement, baisse d’appétit, chute de la production laitière jusqu’à 100 % !
  • Phase d’éruption cutanée, 48 hrs après la fièvre : apparition des nodules au niveau de la tête, l’encolure, le tronc, les mamelles, du périnée, … puis partout, même au niveau des organes internes, digestifs et respiratoires.
  • Phase de nécrose : après 2 à 5 semaines, les nodules sèchent et cicatrisent.
  • Évolution tardive et complications : ulcères buccaux et nasaux, avortement, inflammation des testicules, pneumonies secondaires, mortalités, …

Hautement problématiques, certains animaux n’exprimeront quant à eux aucun de ces signes, tout en étant de dangereux réservoirs à virus ! Ce qui induit la décision de lourdes mesures en termes d’éradication.


PRATIQUEMENT 

Qui est responsable en Belgique ?

  • En Belgique, l’autorité compétente pour la gestion officielle de la DNC est l’AFSCA (FAVV).
  • En cas d’évolution de la situation, plusieurs acteurs seraient mobilisés, dont les laboratoires officiels ARSIA et DGZ, ainsi que Sciensano (laboratoire de référence).

Que feront les autorités sanitaires si la DNC arrive en Belgique ?

La DNC est une maladie de catégorie A au sens de la législation européenne, laquelle prévoit des mesures de lutte que la  Belgique devra appliquer, à l’instar des pays touchés (ex. France). Elles nécessitent une éradication immédiate dès détection. Objectif ? Stopper au plus vite la diffusion du virus !
Concrètement, en cas de foyer confirmé, les mesures comprennent notamment :

  • Euthanasie des bovins du foyer et élimination hautement sécurisée des cadavres. Une indemnisation ? Oui, via le Fonds sanitaire, et sur base d’une expertise vétérinaire, à hauteur de la valeur de l’animal et de maximum 3 000 €.
  • Nettoyage, désinfection et désinsectisation des locaux, selon le protocole requis par l’AFSCA.
  • Mise en place de zones de protection et zone de surveillance autour du foyer.
  • Restrictions strictes des mouvements de bovins et surveillance renforcée dans ces zones.
  • Vaccination d’urgence possible/programmée selon la situation et le cadre européen, destinée à circonscrire le foyer et réduire l’impact clinique de la maladie.

Importations et mouvements d’animaux

  • Les mouvements depuis des zones contaminées sont interdits par la réglementation européenne.
  • L’AFSCA suit la situation et les certificats sanitaires.
  • En marché intracommunautaire, l’AFSCA doit agir dans le cadre des règles européennes : elle ne peut pas décider seule d’un embargo “général” sur des bovins provenant d’autres États membres, mais des discussions sont en cours pour davantage règlementer les importations françaises. Si la France perd le contrôle de la situation, plus aucune importation ne sera autorisée !
Message de prudence à relayer

Reporter autant que possible l’achat/l’introduction de bovins en provenance des pays actuellement touchés, même si les animaux proviennent de zones “officiellement libres”, et renforcer strictement la biosécurité (quarantaine, désinsectisation, hygiène transport, etc.).

Que doit faire un éleveur / vétérinaire en cas de suspicion ?

  • Ne pas déplacer les animaux.
  • Contacter immédiatement son vétérinaire et/ou l’Unité Locale de Contrôle (ULC) de l’AFSCA.
    L’objectif est une prise en charge rapide (investigations, prélèvements, mesures adaptées).

L’ARSIA mesure pleinement l’inquiétude des éleveuses et des éleveurs et les tient informés de toute évolution de la situation.